Si vous êtes à votre compte, vous pensez surtout à développer votre activité, trouver des clients, gérer votre quotidien… Et souvent, la retraite en auto-entreprise passe au second plan. Pourtant, même en tant que micro-entrepreneur, vous cotisez pour votre avenir ! Mais comment cotiser pour sa retraite auto-entrepreneur ? Quels sont les droits ouverts et comment valider des trimestres ? Suivez le guide !
Votre retraite en micro-entreprise se constitue via les cotisations sociales que vous versez à l’Urssaf, puis redistribuées à votre caisse de retraite. Vous cotisez ainsi pour deux volets : la retraite de base et la retraite complémentaire.
En tant que micro-entrepreneur, vos cotisations sociales sont regroupées et réglées directement à l’Urssaf lors de vos déclarations mensuelles ou trimestrielles de chiffre d’affaires. Ce versement unique (appelé forfait social) couvre plusieurs contributions : assurance vieillesse, couverture maladie, invalidité, formation professionnelle, etc.
L’Urssaf redistribue ensuite les sommes collectées aux différents organismes compétents, notamment à votre caisse de retraite. Chaque cotisation de retraite auto-entrepreneur permet alors de valider des droits pour votre retraite de base ainsi que pour votre retraite complémentaire, comme c’est le cas pour tout actif.
Par ailleurs, si vous exercez une activité libérale relevant des BNC, les taux de vos cotisations sociales évoluent progressivement pour renforcer vos droits à la retraite complémentaire :
Depuis le 1er août 2024, la Sécurité sociale des indépendants (SSI) prend en charge l’ensemble des cotisations retraite pour les anciens affiliés à la Cipav.
Vous avez la possibilité de valider jusqu’à 4 trimestres de retraite par an, tout comme les salariés. Votre future pension sera ensuite calculée à partir de vos 25 meilleures années de revenus. Mais attention : le simple fait de travailler ne suffit pas pour que ces trimestres soient automatiquement pris en compte !
En effet, la validation d’un trimestre de retraite auto-entrepreneur repose sur un critère précis : le niveau de chiffre d’affaires encaissé. Si ce dernier dépasse certains seuils annuels (avant application de l’abattement fiscal), vous pourrez valider 1, 2, 3 ou 4 trimestres.
Mais si votre CA est nul, aucune cotisation de retraite en micro-entreprise n’est due, ce qui signifie aussi qu’aucun droit à la retraite n’est ouvert pour cette période !
Vous trouverez ci-dessous les fameux seuils évoqués plus haut :
Activité | 1 trimestre | 2 trimestres | 3 trimestres | 4 trimestres | |
Seuils de CA/an à atteindre pour valider des trimestres au régime général | Vente / Hôtellerie / Restauration (BIC) | 6 145 € | 12 290 € | 18 434 € | 24 579 € |
Prestations de services (BIC) | 3 564 € | 7 128 € | 10 692 € | 14 256 € | |
Services ou professions libérales non réglementées (BNC) | 2 700 € | 5 400 € | 8 100 € | 10 800 € | |
Seuils de CA/an à atteindre pour valider des trimestres à la Cipav | / | 2 571 € | 5 388 € | 8 032 € | 10 776 € |
En auto-entreprise, votre affiliation à une caisse de retraite dépend de la nature de votre activité et de sa date de création. Car contrairement aux salariés ou aux fonctionnaires, vous ne cotisez qu’à un seul organisme (qui gère à la fois votre retraite de base et votre retraite complémentaire).
Il y a alors deux grandes possibilités :
La retraite complémentaire (ou RCI pour Retraite Complémentaire des Indépendants) s’ajoute à votre retraite de base. Elle fonctionne selon un système de points : chaque euro cotisé vous permet d’acquérir un certain nombre de points, en fonction de la valeur d’achat du point fixée chaque année. Par exemple, en 2025, 1 point est attribué pour 20,1877 € de cotisations versées.
À la retraite, le total de vos points est ensuite multiplié par la valeur du point en vigueur pour déterminer le montant annuel brut de votre pension complémentaire. En 2025, la valeur de service du point est fixée à 1,4386 €.
Prenons un exemple : si vous avez acquis 1 000 points au cours de votre carrière, vous toucherez 1 438,60 € par an de retraite complémentaire.
⚠️ Attention : vous ne pouvez bénéficier pleinement de votre retraite complémentaire que si vous liquidez votre retraite de base à taux plein ! En cas de décote sur votre retraite de base (par exemple, si vous partez avec des trimestres manquants), votre pension complémentaire subira également une réduction proportionnelle.
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En relevant du régime général, votre retraite est calculée selon les mêmes règles que pour les salariés, même si vous êtes travailleur indépendant. Avant tout, sachez que le chiffre d’affaires que vous déclarez à l’Urssaf n’est pas retenu tel quel : un abattement forfaitaire est appliqué pour déterminer votre revenu annuel retenu pour la retraite.
Pour les artisans, commerçants et professions libérales non affiliés à la Cipav, le montant annuel brut de votre retraite de base se calcule ainsi :
Revenu annuel moyen × Taux × (Trimestres validés ÷ Trimestres requis pour le taux plein)
Si vous avez réuni tous les trimestres nécessaires, la formule se simplifie : revenu annuel moyen × 50 %. Autrement dit, vous percevrez la moitié de votre revenu moyen sur vos meilleures années.
Comme pour la retraite de base, le résultat obtenu correspond à un montant annuel brut, qui viendra compléter votre pension principale. La formule de la retraite complémentaire en auto-entrepreneur est la suivante :
Nombre total de points x Valeur du point au moment de votre départ
Il n’existe pas de montant minimum automatique spécifique à la retraite auto-entrepreneur.
Toutefois, vous pouvez prétendre au minimum contributif : c’est un complément versé par la Sécurité sociale si vous avez cotisé toute votre carrière avec des revenus modestes et que vous avez droit à une retraite de base à taux plein (soit en atteignant le bon nombre de trimestres ou 67 ans). En 2025, il est de 893,66 €.
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Il est possible de demander votre retraite dès l’âge légal fixé par votre année de naissance. Toutefois, ce départ anticipé ne garantit pas le versement d’une pension à taux plein ! Pour en bénéficier, deux conditions peuvent s’appliquer :
Ainsi, obtenir une pension complète dépend principalement de votre durée d’assurance et donc du nombre de trimestres nécessaires :
Année de naissance | Âge légal de départ | Durée d’assurance requise | Âge de taux plein automatique |
Janv. – Août 1961 | 62 ans | 168 trimestres | 67 ans |
Sept. – Déc. 1961 | 62 ans et 3 mois | 169 trimestres | 67 ans |
1962 | 62 ans et 6 mois | 169 trimestres | 67 ans |
1963 | 62 ans et 9 mois | 170 trimestres | 67 ans |
1964 | 63 ans | 171 trimestres | 67 ans |
1965 | 63 ans et 3 mois | 172 trimestres | 67 ans |
1966 | 63 ans et 6 mois | 172 trimestres | 67 ans |
1967 | 63 ans et 9 mois | 172 trimestres | 67 ans |
À partir de 1968 | 64 ans | 172 trimestres | 67 ans |
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Même si vous n’êtes pas encore retraité auto-entrepreneur, il n’est jamais trop tôt pour anticiper cette future étape de votre vie ! Pour vous organiser au mieux, voici quelques conseils :
Si vous êtes déjà retraité mais souhaitez créer ou poursuivre une activité indépendante, le cumul retraite et auto-entrepreneur est possible !
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En règle générale, on conseille de faire sa demande de retraite en micro-entreprise 4 à 6 mois avant la date de départ souhaitée. Voici les démarches :
Oui, dès que vous déclarez du chiffre d’affaires, vous cotisez pour votre retraite de base et votre retraite complémentaire (comme tout actif).
Il dépend de vos revenus annuels, du nombre de trimestres validés et des points de retraite complémentaire acquis. Plus vous déclarez de chiffre d’affaires, plus vous cotisez et plus vos droits sont élevés.
Oui, il est tout à fait possible de créer ou de poursuivre une activité en micro-entreprise une fois à la retraite (sous certaines conditions selon votre régime).
Oui, vous pouvez valider des droits dans les deux régimes, mais vous ne pouvez pas valider plus de 4 trimestres par an au total (tous statuts confondus).
Même en micro-entreprise, vous cotisez donc bien pour votre retraite ! Artisan, commerçant ou activité libérale : chaque euro versé compte pour votre retraite auto-entrepreneur de base et complémentaire. Et plus vous êtes informé, mieux vous anticipez. N’hésitez pas à consulter votre relevé sur info-retraite.fr ou à vous faire accompagner par des professionnels spécialisés dans les parcours d’indépendants.